Flamme, avec la 3ème et 4ème strophe du premier poème de Jean de la Croix , 1952 *

Le Coultre
Flamme, avec la 3ème et 4ème strophe du premier poème de Jean de la Croix (voir ci-dessous le poème en son entier), 1952
Linogravure, 8,5 cm x 8,5 cm
La traduction copiée par Andrée est celle de Lucien-Marie de St Joseph (Les poèmes mystiques de St Jean de la Croix, Desclée de Brouwer, 1947)
Coll.part.

Poésie qui se trouve au commencement de "la Montée au Carmel" et de "la Nuit obscure" (traduction de Grégoire de St Joseph, carme déchaussé)
"Chants de l’âme qui s’éjouit d’être parvenue au haut état de perfection, qui est l’union avec Dieu, par le chemin de la négation spirituelle"

Par une nuit profonde,
Étant pleine d’angoisse et enflammée d’amour,
Oh ! l’heureux sort !
Je suis sortie sans être vue
Tandis que ma demeure était déjà en paix

J’étais dans les ténèbres et en sûreté,
Quand je sortis déguisée par l’escalier secret,
Oh ! l’heureux sort !
J’étais dans les ténèbres et en cachette,
Tandis que ma demeure était en paix.

Dans cette heureuse nuit
Je me tenais dans le secret ; nul ne me voyait.
Et je n’apercevais rien
Pour me guider que la lumière
Qui brûlait dans mon cœur.

Elle me guidait plus sûrement
Que la lumière du midi
Au but où m’attendait
Celui que j’aimais
Là ou nul autre ne la voyait.

O nuit qui m’avez guidée !
O nuit plus aimable que l’aurore !
Oh nuit qui avez uni l’Aimé avec sa Bien-Aimée
Qui a été transformée en Lui !

Sur mon sein orné de fleurs
Que je gardais tout entier pour lui seul
Il resta endormi
Et moi je le caressais,
D’un éventail de cèdre je le rafraichissais.

Quand le souffle provenant du fort
Soulevait déjà sa chevelure
De sa douce main
Posée sur mon cou il me blessait
Et tous mes sens furent suspendus

Je restai là et m’oubliai
Le visage penché sur le Bien-Aimé.
Tout cessa pour moi, et je m’abandonnai à lui
Je lui confiai tous mes soucis
Et m’oubliai au milieu des lis.