Le Coultre
St Jean de la Croix, la Nuit Obscure, l’escalier secret, 1952
Fusain, 14 x 7,5 cm
Au sein d’une nuit obscure,
Brûlante d’un amour angoisseux,
Oh ! Quelle heureuse fortune !
Je sortis sans être vue,
Quand tout, chez moi, déjà reposait…
A l’obscur, en sûreté,
Par l’escalier secret, déguisée
Oh ! Quelle heureuse fortune !
A l’obscur et en cachette,
Quand tout, chez moi, déjà reposait…
(trad. Lucien-Marie de St Joseph, carme déchaux, qui modernise la traduction remarquable du carme Cyprien de la Nativité (XVIIe s.)).
(On trouvera la totalité du poème, dans une autre traduction, avec le commentaire de la "Flamme, avec la 3ème et 4ème strophe du premier poème de Jean de la Croix , 1952 *)
Ce sont les deux premières strophes (sur huit) du premier et plus célèbre des poèmes mystiques de St Jean de la Croix (Chants de l’âme qui s’éjouit d’être parvenue au haut état de perfection, qui est l’union avec Dieu, par le chemin de la négation spirituelle) .
« Longuement, dans la Montée au Carmel et dans la Nuit obscure, le Docteur Mystique tenta un exposé didactique susceptible de traduire le riche contenu des strophes. Il n’acheva pas. Le commentaire des trois premières strophes, les seules expliquées, ne prétend même pas tout dire. » (Les poèmes mystiques de St Jean de la Croix, traduits par Lucien-Marie de St Joseph, Desclée de Brouwer, 1947)
Dans la Nuit obscure, St Jean de la Croix consacre une vingtaine de pages (ch. XVII à XX) à ces deux mots d’escalier secret : « Les deux mots escalier secret signifient la nuit obscure de contemplation dont nous nous occupons ; l’autre, c’est à dire le mot déguisée, se rapporte à l’âme et signifie son mode d’être dans cette nuit. Et tout d’abord, nous devons savoir que dans ce vers l’âme appelle l’obscure contemplation par où elle arrive à l’union d’amour un escalier secret… »,
« Chapitre XIX. On commence à expliquer les dix degrés de l’échelle mystique de l’amour divin d’après St Bernard et St Thomas… »
« Voilà donc comment cette théologie mystique et cet amour secret portent l’âme à s’élever au-dessus de toutes les créatures et d’elle-même pour monter jusqu’à Dieu. Car l’amour est comme le feu ; il s’élève toujours vers les hauteurs pour atteindre le centre de la sphère. »
(trad. Grégoire de St Joseph, 1927 ; Œuvres spirituelles de St Jean de la Croix, Le Seuil, 1947, 1964)