Intérieur, 1958-59 *

Le Coultre
Intérieur, 1958-59
110 x 50 cm environ
Exposée à la Galerie Folklore en 1959
Coll.part.
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"Surface plane", le tableau, pour ces deux artistes, n’est pas un miroir où s’enfonce le trompe-l’œil de l’apparence : c’est un organisme plastique ordonné par des rythmes formels et colorés, par des "rimes" de lignes et de couleurs, ensemble fidèle à la création presque "artisanale" du peintre...
Dans sa toile dédiée à la vie domestique, intitulée "intérieur", Andrée Le Coultre illustre magnifiquement ses idées. Ici, il y a bien le piano, les murs, la fenêtre, le vase, la table,le tapis, les fleurs, etc...c’est à dire tous les prétextes figuratifs qui composent un univers familier ; mais tout cela est repensé, revu avant d’être replacé dans son contexte plastique. "Collés" à la toile, les objets s’intègrent à la surface, se développent, s’amplifient, se mêlent, tandis que le carré de la table, par exemple, sensible à des variations multiples, se retrouve dans la forme de la fenêtre, dans celle du tapis "trompée" par les franges, et du livre, brisée par la feuille repliée, etc... La réalisation est non seulement magnifiquement picturale, mais si intelligent et si "rationnelle" que l’on éprouve à décomposer le mécanisme ordonnateur, à suivre les modulations "concertantes" du rectangle, un plaisir d’une qualité aussi sûre que celui gouté devant le lyrisme dévastateur des toiles soulevées par le dérèglement ou la révolte.
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René Déroudille dans "Le Tout Lyon" du 4/6/1959 à propos de l’exposition à la Galerie Marcel Michaud-Folklore

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Une toile, comme celle, par exemple, d’Andrée Le Coultre, dédiée à son "Intérieur", n’est pas seulement une réussite plastique par la magnifique ordonnance des rythmes horizontaux et verticaux qui l’établissent, ou par les modulations de formes carrées, rectangulaires, voire circulaires, qui la composent harmonieusement. Non ! cette peinture qui, dans sa superbe modestie est peut-être un des tableaux les plus "sérieux" et complets que nous ayons admirés durant la saison, ’intériorise" la banalité des objets et les fait participer aussi bien au "thème" du tableau (comme les bruits et les sons s’intègrent aux thèmes d’une composition musicale), qu’à la vie silencieuse quotidienne des choses que le peintre généreusement ainsi nous révèle.
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René Déroudille dans "La Dernière Heure Lyonnaise" du 31/5/59